Face-au-conflit : Bonjour Michaël, pourriez-vous vous présenter s’il-vous-plaît ?
Michael Illouz: Bonjour, je m’appelle Michael Illouz, j’ai 34 ans, je suis consultant dans le domaine de la sûreté.
J’enseigne en parallèle les arts martiaux, je suis auteur sur ce même sujet et plus particulièrement sur la self défense (cf. Riposter – Abrégé de Self-Défense ).
Quel a été votre parcours vos formations ?
J’ai commencé les arts martiaux très jeunes par le Karaté Shotokan à l’âge de 6 ans et le Sanda que j’ai pratiqué jusqu’à mes 14 ans. Je découvrais cette même année le Penchak Silat sous la direction de Franck Ropers que j’allais pratiquer jusqu’à aujourd’hui. 20 ans plus tard je suis toujours à l’académie dont j’assume la direction technique.
A mes 18 ans je vais m’engager dans l’armée. Après ce passage je vais regagner le monde civil pour étudier la criminologie et me consacrer aux arts martiaux en passant les diplômes nécessaires pour enseigner.
Après quelques passages en consultant dans l’armée en tant que spécialiste « civil » des arts martiaux notamment au CNEC (centre national d’entrainement commando) ou à l’EIS (Ecole Intersport des Armées), je vais être démarché pour re-signer dans l’armée comme spécialiste dans une unité des forces spéciales et intégrer en tant qu’instructeur, une cellule de recherche et d’instruction spécialisée aux côtés d’autres spécialistes chevronnés. Durant cette période je vais auditer toutes les contraintes opérationnelles, me former et perfectionner tous les domaines du combat entre zéro et sept mètres pour proposer le meilleur de ce qui se fait aux opérateurs, à mains nue mais aussi face ou avec une arme de poing à très courte distance.
Après avoir été formé en interne au tir, mon maitre d’arme et mon commandement m’enverrons en suisse chez NDS pour perfectionner et surtout apprendre à enseigner le tir pour que toutes les distances puissent être abordées avec une notion d’entrainements combinés.
Je quitte l’armée en 2015 et vais me consacrer à l’enseignement et la formation cette fois en tant que contractuel pour d’autres unités spécialisées (SMP, et organismes de formations). Je travaille aujourd’hui en parallèle de ces unités pour des structures tel que France Média Monde notamment sur des formations au profit des reporters de guerre. J’enseigne aussi le Penchak Silat et la self défense 4h par semaine en club.
Quelle est votre vision de la gestion de l’agressivité ?
Avant tout je considère qu’il est nécessaire de gérer sa propre agressivité pour pouvoir gérer celle des autres. L’idée d’une vraie gestion consiste, à mon sens, en un choix véritable d’engagement ou de désengagement et il faut pour ça qu’il n’y ai pas d’éco à cette agressivité en soit, afin de garder toute sa lucidité.
Ensuite je conseil souvent une certaine bienveillance qui va permettre d’établir un lien de compréhension avec la personne agressive. Je précise que ce lien ne donne pas d’excuse à la personne agressive juste de précieuses indications et levier pour mieux gérer la situation de conflit.
Comment abordez-vous le passage à l’acte violent dans vos formations ?
Je l’aborde d’abord et avant tout comme un dernier recourt. En revanche, je pousse systématiquement l’apprenant à observer avec le plus de lucidité une situation, afin qu’il ne s’installe pas dans une négociation alors que la personne en face est passé du stade d’agressif à celui d’un passage à l’acte imminent.
A ce moment lorsqu’il est encore temps, j’encourage mes apprenants à prendre l’initiative pour ne pas agir à contretemps et donc systématiquement anticiper l’action suivante de l’opposant éventuel, parfois avant qu’il en ai conscience lui-même.
D’un point de vue pratique que faut-il faire avec un individu agressif ?
Il n’y a pas de bonne technique puisque chaque situation est différente. J’invite souvent mes apprenants à remanier la proportion à l’attaque vers une proportion à la menace. Car l’une implique un retard alors que l’autre une lecture anticipative de la situation qui parfois peux supposer d’agir le premier et si il le faut par une violence nécessaire.
A contrario que ne faut-il pas faire ?
Sur réagir par peur ou manque de lucidité, ce qui est la meilleure manière d’agir sans justesse et ou avec excès. Il faut pouvoir systématiquement justifier sa réaction et ou son acte.
Pour conclure quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs ?
Gérer un conflit est quelque chose qui demande beaucoup de connaissances. Si vous devez comprendre un individu agressif il faudra user parfois de toute sa culture d’homme du monde. Même si ces connaissances peuvent vous permettre de canaliser certaines situations, malheureusement parfois d’autres situations ne peuvent pas être négociées ou apaisées. Ainsi, il est important, d’une part, d’être capable de le savoir et d’autre part, de ne pas entrer dans une certaine forme de déni pour éviter à tout prix d’en venir « aux mains ».
La gestion de l’agressivité est un ensemble de connaissances qui parle de dialogue mais aussi de self défense pour soi ou pour les autres. Je conclurais donc en disant que cette gestion de l’agressivité fait partie intégrante de la self défense dans son sens le plus large et est complémentaire à l’action combative.
Merci Michaël :)