Christian Defourneaux, le rôle la gestion des conflits dans la sécurité privée.

Christian Defourneaux, le rôle la gestion des conflits dans la sécurité privée.

Christian DefourneauxPour cette nouvelle interview, nous avons l’honneur et le plaisir d’accueillir les conseils et le témoignage de Christian Defourneaux, Dirigeant de Falcon Security. De la communication à la self-défense en passant par la détection du risque, celui-ci nous livre sa vision d’une gestion opérationnelle des conflits. Bonne lecture ;)

« Tout professionnel de la sécurité et encore plus du secteur privé a tout intérêt à intégrer dans ses « savoir-faire » des techniques de détections et de désamorçages des conflits »

Bonjour Christian, vous êtes le dirigeant d’une société de sécurité privée, quel a été votre parcours, vos formations ?

Christian Defourneaux, 50 ans, professionnel du secteur de la sécurité privée depuis 25 ans. Je suis opérationnel, Manager et dirigeant fondateur d’entreprises depuis 10 ans. Judoka dès le plus jeune âge, puis « touche à tout » des arts martiaux, je suis actuellement animateur de « boxe de rue » au sein de l’académie des arts de combat (ADAC) que j’ai découvert lors de stages professionnels (Techniques professionnelles adaptées à l’intervention, Négociation…) animés par Robert PATUREL. J’ai souhaité approfondir ma pratique de la Boxe de Rue et m’élargir à d’autres disciplines de cette méthode de défense élaborée par M. Eric QUEQUET et notamment la lutte & les Armes de rue et le Concept d’Adaptation Tactique en Situation (CATS). D’un point de vue professionnel, je me suis dirigé vers des formations spécifiques comme la protection rapprochée, la Conduite anti-agression, la lutte contre la malveillance, la Réduction des risques, l’inspection filtrage, le secourisme opérationnel en situation dégradée, puis des stages d’Analyse des dimensions du langage corporel et la détection de la menace et de la malveillance.

Pour un professionnel de la sécurité, pourquoi est-ce essentiel d’avoir une gestion efficiente des conflits ?

En matière de sécurité et plus particulièrement de sûreté, la répartition des rôles entre sécurité privée et services de sécurité étatique est globalement la suivante :

La sécurité privée intervient au sein des espaces privés sauf dérogations et exceptions, la voie publique demeurant majoritairement de la responsabilité des pouvoir régaliens de l’état et de ses services de sécurité (Police & Gendarmerie). De même, le périmètre de la sécurité privée en matière de sûreté relève essentiellement de la prévention et de la dissuasion, alors que l’intervention est en grande majorité de la compétence des pouvoirs publics. Le cadre légal d’un agent de prévention et de sécurité, comme celui de tout professionnel du secteur est le même que celui de chaque citoyen, à savoir :

  • Code de procédure pénale (article 73, 53, 803 et 55) : droit d’appréhender, flagrant délit, droit d’entrave, devoir de préservation des indices.
  • Code pénal (article 122-5, 122-7, 223-6, 22-11, 132-75) : légitime défense, assistance à personnes danger, coups et blessures, armes par destination.
  • Code de la défense (article L2331-1) : classification des armes.
  • Code de la sécurité intérieur (article L312-1 & L315-1) : Acquisition, détention et port d’armes.

Tout professionnel de la sécurité et encore plus du secteur privé a donc tout intérêt à intégrer dans ses « savoir-faire » des techniques de détections et des techniques de désamorçages des conflits. Il doit également intégrer à son « savoir-être » des éléments comportementaux lui permettant d’être à la fois rassurant pour les gens qui l’emploient et dissuasif pour les éventuels prédateurs.

La finalité lors d’une gestion des conflits est-elle la même pour un particulier et un professionnel de la sécurité ?

Pas tout à fait. Pour un particulier l’objectif est :

  • Mieux vaut éviter que fuir (gestion de la pré-agression)
  • Mieux vaut fuir que négocier (gestion de la pré-agression)
  • Mieux vaut négocier que combattre (gestion de la pré-agression)
  • Mieux vaut combattre que mourir (gestion de l’agression)

En effet, mieux vaut perdre un peu de son égo et préserver :

  • Son intégrité physique (et celle de l’agresseur)
  • Eviter les problèmes avec la justice
  • S’épargner les problèmes de gestion post-traumatique (débriefing, victimologie…)

Le professionnel de la sécurité est souvent privé des deux premières options (il ne peut pas fuir le site sur lequel il est affecté ou abandonner la personnalité dont il assure la protection…), d’où l’importance pour lui de maîtriser les principes de la négociation et de la communication verbale et non-verbale. En effet, la quatrième option sera bien souvent considérée comme un échec des dispositions de sécurité prises.

La pratique des arts-martiaux, sport de combat ou d’un système de défense est-elle nécessaire à vos yeux ?

Oui tout à fait, mais davantage pour la confiance en soi et la prise en compte des dégâts lors d’une confrontation physique. Un professionnel bien informé sur les risques d’agression sera plus efficace.

Quel serait alors la boite à outils idéale pour le « parfait » personnel de sécurité ?

  1. Une bonne formation professionnelle lui permettant d’avoir une connaissance précise du cadre légal dans lequel se situe son emploi.
  2. Un savoir-être irréprochable, c’est-à-dire une bonne capacité à appréhender et s’adapter aux codes du site dans lequel il va exercer sa mission.
  3. Une bonne prise en compte par l’information ou le RETEX (retour d’expérience) des risques auxquels il risque d’être confronter.
  4. Une bonne préparation mentale lui permettant de « trouver les bons mots afin d’éviter les pires maux » (Robert Paturel, ex membre, négociateur et formateur du RAID).
  5. Une anticipation des situations. Il est également important d’être capable d’identifier les anomalies en amont, afin de pouvoir procéder à des levées de doute. Ceci permettra d’éviter que le cycle de préparation de l’agression ne soit trop amorcé et que la situation ne risque de dégénérer. A titre d’exemple, lorsque l’on travaille en équipe et que l’un des opérateurs en sécurité est en situation conflictuelle bloquée, le fait de changer d’interlocuteur permet parfois de désamorcer la situation.
  6. Faire confiance à son instinct, analyser la situation et la désamorcer rapidement avec sincérité et empathie, assurer son interlocuteur de la bonne compréhension et la prise en compte de son insatisfaction, reformuler, chercher la synchronisation et décrypter sa communication verbale et non-verbale sont autant de techniques, issue de la PNL, de l’analyse transactionnelle, de l’analyse comportementale ou de la communication non violente, qui vont permettre de renforcer les briques du mur des compétences du professionnel. Celui-ci devra savoir choisir ce qui correspond le mieux à sa propre personnalité, à sa mission et au milieu dans lequel il exerce sa mission.
  7. Une bonne condition physique. Cette dernière peut être optimisée par la pratique d’un sport d’entretien (type crossfit), de combat individuel (type judo) ou collectif (type rugby) pour développer la confiance en soi et acquérir une certaine forme de rusticité nécessaire pour les longues statiques debout.
  8. Une bonne méthode de self-défense simple et pragmatique enseignée par des professionnels ayant une réelle expérience terrain en adéquation avec le milieu dans lequel on va exercer. Ainsi, le combat au corps-à-corps à vocation létal est efficace mais n’est pas adaptée au besoin d’un agent de prévention et de sécurité privée exerçant sur l’hexagone. En effet, cela ne serait pas compatible avec le cadre légal. Des méthodes comme la boxe de rue, le SMA ou le LOCK-UP me semble adaptées aux exigences et aux besoins d’un professionnel de la sécurité privée.

Merci Christian !

Pour contacter Christian : http://www.falcon-security.fr/

Cet article a 9 commentaires

  1. marechal

    cela fait déjà plus de dix ans que je fait de la sécurité et jamais un seul de mes employeur ne ma proposé ce genre de formation ne serait ce que le self-défense ceci devrait être dans la formation obligatoire met bon tout le monde s’en fou un peu en France de la législation c’est seulement quand il y à un mort qu’ont commence à faire une enquête et de se préoccuper de l’avenir d’un agent
    Merci cordialement de votre information je reste à votre disposition

  2. oscar

    Il faut ajouter le close combat et le krav maga dans la panoplie de défense personnelle!

  3. Hicham

    cela fait déjà plus de dix ans que je fait de la sécurité et jamais un seul de mes employeur ne ma proposé ce genre de formation ne serait ce que le self-défense ceci devrait être dans la formation obligatoire met bon tout le monde s’en fou un peu en France de la législation c’est seulement quand il y à un mort qu’ont commence à faire une enquête et de se préoccuper de l’avenir d’un agent
    Merci cordialement de votre information je reste à votre disposition

  4. Marin

    Très bon article,complètement d’accord et réaliste ,félicitations …!

  5. David

    C’est bien de voir que des sociétés sont sérieuse vis-à-vis de la sécurité et de la formation.

    Pour moi la formation est la chose la plus importante, surtout pour gérer des situations de crises. Il faut former nos agent de sécurité à répondre cordialement tout en sachant être maître de la situation. Il y a des mots clés pour cela. Il faut simplement les connaitres et les utiliser au bon moment.

  6. Ben

    Il faut ajouter le close combat et le krav maga dans la panoplie de défense personnelle!

  7. gesivi

    Bel article
    Au niveau professionnel il nous semble important d’équilibre: la gestion du mental – des techniques et tactiques d’engagement et de dégagement simples –
    C’est ce que nous nous employons au niveau des sapeurs pompiers depuis 15 ans dans le Sud de la France
    Cela est présenté dans notre livre à venir :

    http://gesivi.fr/Présentation/sp-face-violence

    Meilleurs voeux

  8. drelon david

    Malheureusement, il y a un manque flagrant de formation en France pour les agents de sécurité. On revient toujours au même problème : « l’argent ». Les formations sont chères pour les entreprises et on sait tous que fidéliser un agent pour le garder quelques années est difficile. Je suis ancien militaire, 24 ans de service, j’ai donc une bonne connaissance des sports de combat, que j’ai mis a contribution plusieurs fois, uniquement dans le cadre de la légitime défense. Ce n’est pas le cas pour tous, et comme vous le dites si bien, il faut se préparer physiquement mais aussi psychologiquement. Le fait de développer une bonne assurance personnel et déjà une forme de dissuasion pour l’agresseur. je n’ai pas encore regarder tout votre site mais je serai intéressé si il y avait un bouquin.

Et vous, vous en pensez quoi?

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