Pour cette nouvelle interview, nous avons l’honneur et le plaisir d’accueillir les conseils et le témoignage de Stéphane Meunier spécialiste en sûreté, protection rapprochée & représentant officiel en Europe du système LOCKUP Police Combat System. Bonne lecture !
« …On peut se faire plaisir sur le ring, sur le tatami, mais on ne peut se faire plaisir sur le terrain… »
Face-au-conflit : Bonjour Stéphane, vous êtes dirigeant de la société Groupe 9 et intervenez dans le domaine de la sûreté en général & de la protection rapprochée en particulier, quel a été votre parcours, vos formations ?
Stéphane Meunier : Bonjour Olivier,
Après un début de carrière professionnelle au sein des Forces Spéciales Françaises, ou j’étais spécialisé dans le Contre Terrorisme au commando Hubert, Je me suis ensuite tourné vers la vie civile en créant des entreprises de protection de personnes et de formation professionnelle, GROUPE 9 OPERATIONS et GROUPE 9 ACADEMY avec Pierrick Colin, mon associé.
Le groupe 9 est le représentant officiel du système LOCKUP en Europe, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette méthode ?
Créé avec plus de 50 ans d’expérience auprès des forces d’intervention de la police américaine, ce système a été spécialement conçu à la suite de retour d’expérience .Il offre un enseignement exhaustif dans tous les aspects des engagements répressifs, tels que, les arrestations et les techniques de contrôle d’individus.
Crée par l’instructeur international Kevin Dillon Lt(Ret), Le système de combat LOCKUP est principalement axé sur les techniques de combat à mains nues de police qui combine l’arrestation dynamique et les tactiques de contrôle avec également la prise en compte de frappes spécifiques.
Tous les aspects de l’application des lois sont intégrés dans la formation afin d’offrir une réelle compétence d’applications professionnelles
D’un point de vue pratique, qu’est-ce qui différencie LOCKUP d’une autre méthode de self-défense ?
Notre première volonté était de nous éloigner de l’aspect « sportif » de la self défense tel qu’on la retrouve très souvent enseignée en France. Depuis longtemps déjà, nous souhaitions nous distinguer des « méthodes à la mode » qui ne semblent pas toujours cadrer avec les impératifs de l’application réelle et du cadre professionnel. Il nous semble, par exemple, qu’un enseignement qui se revendique de self défense et qui ne consacre pas plusieurs heures à l’étude du cadre légal d’un engagement physique passe complétement à côté des réalités de l’application.
Dans le même sens, la mode de « l’overkill » qui consiste à enchainer des frappes multiples y compris quand l’adversaire est au sol constitue pour nous une grave erreur qui va conduire l’auteur de ces gestes directement en prison.
Les problématiques du cadre légal et de l’environnement social d’un combat doivent être étudiées attentivement et la technique ne doit être qu’une résultante de cette analyse.
Ce sont des paramètres sur lesquels nous travaillons depuis longtemps;
LOCKUP dans sa mise en œuvre et son développement intègre forcement ces impératifs d’application puisqu’il a été crée par des policiers et pour des actions sur voie publique.
L’autre critère très intéressant de ce système est qu’il inclut l’aspect psychologique d’un engagement physique (qui nous semble être indissociable de l’apprentissage d’un affrontement réel).
Face à un individu violent, concrètement que faut-il faire ?
Plusieurs facteurs en amont du combat sont primordiaux:
- L’analyse de l’environnement,
- la posture et la tenue que l’on adopte sont les indicateurs de notre volonté à nous engager dans le combat et donc font passer un premier message fort à l’adversaire.
- Respecter des secteurs et distances d’approche,
- Comprendre, connaitre son état interne et savoir le réguler,
- Être capable de communiquer efficacement
- Si le combat physique est engagé, n’avoir qu’un seul objectif : faire cesser l’agression dans le temps le plus court possible et conclure par l’immobilisation de l’agresseur tout en se préoccupant de son intégrité physique.
A contrario, que ne faut-il pas faire ?
S’engager dans un combat sans aucune stratégie autre que l’utilisation de ces compétences sportives ou martiales.
Éviter les frappes lourdes, multiples occasionnant des dégâts physiques irréparables ou difficilement réparables.
Aller physiquement au delà de la stricte nécessité de faire cesser l’agression (techniques type over kill).
Dans le cadre d’un travail en équipe, ne pas avoir de procédure d’intervention.
Pour conclure, quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs ?
On peut se faire plaisir sur le ring, sur le tatami, mais on ne peut se faire plaisir sur le terrain.
La fenêtre pour ne pas être pénalement responsable est toute petite.
Il est fondamental pour les professionnels exerçant une activité réglementée de transformer ou d’adapter leurs techniques à une réalité d’application professionnelle (prise en compte du cadre légal, environnement, stress, simplicité de la technique, efficacité de la méthode).
Il sera en effet toujours plus confortable de démontrer à un juge que le fruit de nos actions sont liés à un système de défense maitrisé dans le cadre professionnel qu’ à une pratique sportive d’ un art ou d’un sport autorisant les coups entrainants des lésions graves voire irréparables.
Nos autorisations administratives d’exercer notre métier en dépendent.
Merci Stéphane !
Pour en savoir plus sur le système LOCKUP & contacter Stéphane :